Soirée à l’opéra de Sydney
Vendredi 12 mars 2010Soirée à l’opéra de Sydney pour les Piche qui viennent assister à la Traviata. Rose et Raoul garent leur voiture dans l’immense parking en sous-sol. C’est le moment choisi par Rose pour être prise d’une irrépressible envie. « Peux pas attendre » et de résoudre le problème entre deux portières ouvertes. La trace du forfait dévale le long de la pente, six étages plus bas.
En montant les marches du superbe bâtiment, Raoul réalise qu’il a oublié de mettre des chaussettes. Il espère que ses homologues masculins, blaser bleu, boutons dorés, chaussures noires immaculées qui se dirigent vers l’entrée ne vont pas trop le remarquer. En approchant des portes, la densité de tailleurs Chanel, sacs Hermès, talons aiguilles Prada, montres et bijoux 24 carats augmente. Rose, très digne dans son ensemble Kiabi-à-petit-prix, chaussures chinoises de Shenzen, montre Casio « water resist 15m » escalade les marches feignant d’ignorer les minuscules trous de cigarettes qui donnent un certain genre à son chemisier.
Raoul s’avance vers la caisse. Pour sortir la carte de crédit de sa poche ventrale, il déboutonne son pantalon et se déculotte presque. L’efficacité du kangourou, l’élégance en moins.
La soirée chic des Piche commence au Top !!!
Dans l’attente de l’ouverture de la salle, Rose et Raoul se retrouvent au foyer de l’opéra avec le Tout Sydney. Le lieu est sublime. En arc de cercle, totalement vitré, façon château de porte-conteneurs, il offre une vue unique sur la baie de Sydney à la nuit tombante. Un yacht à moteur de 25 mètres passe en toute discrétion, largement illuminé. Derrière lui, un voilier de type America Cup remonte au vent sous le fameux pont de la rade. Cap direct sur le foyer de l’opéra. A l’opposé, une réplique de vieux gréement, toutes voiles dehors, promène son lot de touristes. Dans le foyer, les bouchons de champagne sautent en rafales comme s’ils voulaient défendre le bâtiment contre les assauts des navires qui font route vers lui.
Une sonnerie discrète accompagnée d’un appel invite les spectateurs à gagner leurs places. Le spectacle est prévu à 19h 30. A 19h 30′ 01 ”, les lumières baissent, mille cinq cents personnes s’enfoncent dans un silence total, une larme de violon à peine perceptible s’élève de la fosse d’orchestre, le rideau se lève.
Très vite Violetta se révèle une cantatrice hors pair et c’est tant mieux car elle « tire » la Traviata de bout en bout. Alfredo, le ténor est un peu faible mais il se rattrape dans le 3 ème acte. Le père d’Alfredo est presque parfait. Au final, la troupe tient ses promesses et Rose apprécie la performance. Si ses habits ne sont pas les plus beaux, ni ses bijoux les plus brillants, en revanche elle partage avec peu de spectateurs présents le privilège de connaître le livret par coeur. « La Traviata », elle la fréquente depuis l’âge de 14 ans. Les débats sur la qualité des ténors agrémentaient les repas familiaux du dimanche.
Le rideau affalé, les Piche regagnent le parking. Hélas, dans l’urgence de l’arrivée ils n’ont pas noté l’emplacement de leur voiture. Ce parking « d’une conception totalement novatrice, unique au monde » est formé de deux pentes hélicoïdales emboîtées. Les Piche parcourent deux fois les six étages avant de comprendre qu’ils sont sur la mauvaise pente. Au sens propre. Ils finissent par retouver leur bien.
Dans la voiture qui les ramène vers leur banlieue sydnéenne, Rose n’en finit pas de commenter le jeu des artistes.
Elle est heureuse. Raoul aussi.
A bientôt.