Pattaya, les mâles occidentaux et leurs gentilles infirmières
Pattaya, 25 mars 2002.
Pattaya est une ville merveilleuse. Miraculeuse serait sans doute un qualificatif plus approprié. Elle n’est pas sans rappeler Lourdes. On y croise de nombreux vieillards, gentiment, presque tendrement, tenus par la main par ce qui paraît être leur infirmière thaïlandaise. Des jeunes femmes dévouées qui les accompagnent partout où ils vont en s’attachant à les distraire. On rencontre également des plus jeunes hommes, tantôt gros, tantôt grands et malingres dont le visage traduit une excessive timidité. Eux aussi sont aimablement pris en charge par une aide thaï. Parfois, les jeunes hommes sont bien portants, ils débordent de vitalité et possèdent des cous, des bras et des jambes de taureaux. Leur vue évoque immédiatement celle des reproducteurs du concours général agricole de la foire de Paris. De toute évidence, eux, ne connaissent aucune déficience physique. Sans doute, l’attention dont ils sont l’objet de la part des soigneuses thaï résulte-t-elle d’une quelconque insuffisance cérébrale. Comme à Lourdes, tout ces malades viennent à Pattaya du monde entier. Enfin presque. Disons plutôt du monde occidental car tous sont blancs. On ne croise aucun malade asiatique. Ils doivent se soigner ailleurs.
Des Japonais y passent en coup de vent, par bus entiers, pour photographier l’animation de cette ville enthousiasmante. Les Russes, nombreux, y séjournent en famille avec femme et enfants. Probablement pour faire bénéficier ces derniers de l’esprit de charité qui imprègne ces lieux.
Lourdes a sa piscine miraculeuse, Pattaya possède sa mer miraculeuse. Elle est si sale, si polluée et si dangereuse avec les bateaux qui naviguent à pleine vitesse parmi les baigneurs que personne ne semble pouvoir en ressortir sans être couvert de pustules ou haché en rondelles. Eh! bien, non. Pattaya compte plusieurs centaines de miraculés chaque jour. Ceux qui ne le sont pas s’en aperçoivent, en général, après qu’ils aient quitté ces lieux saints. Une punition divine, en quelque sorte.
Alors qu’ils déambulaient, un soir, Raoul marchant plusieurs mètres en avant de Rose, celui-ci fut très gentiment sollicité par plusieurs infirmières thaï. Emu par tant de sollicitude, il s’en est ouvert à Rose qui l’a vexé en lui faisant remarquer qu’elles l’avaient simplement pris pour un vieux, ou pour un malade ou pour un taureau.