Pour l’égalité des femmes on demande un delai
Udaipur, 26 janvier 2003
- Je hais les brahmanes (la caste supérieure) et les prêtres de toutes les religions.
Le professeur de sociologie à la retraite qui fait visiter à Rose et Raoul Piche des maisons traditionnelles des états de l’ouest de l’Inde, n’y va pas par quatre chemins.
- Gandhi voulait supprimer les castes, c’est un brahmane qui l’a assassiné. Quand Indira Gandhi a voulu en faire autant, elle a également été assassinée par un brahmane. Ravhi Gandhi, son fils, pareil. Ces gens, comme les prêtres, ne veulent qu’une chose : préserver leurs avantages.
Le vieil homme n’en démord pas et se plait à jouer la provocation. “Elle va me détester” dit-il, en fixant Rose du regard avant d’expliquer que dans les villages du Rajasthan l’homme n’a pas le droit d’aider la femme pour porter l’eau, ni pour faire la cuisine, la vaisselle ou pour s’occuper de la maison. La femme ne doit pas manger avant l’homme, elle couche sur une natte, parterre, alors que l’homme dort sur un lit. Lorsqu’elle a terminé son travail, la femme aide l’homme dans le sien. Jamais l’inverse.
Rose se prend à penser que sur certains points la différence n’est pas si grande avec des familles occidentales.
Raoul se tait.
Quant aux mariages arrangés ils représentent 90 % des mariages indiens, précise le vieux monsieur, ce qui explique les six pleines pages d’annonces du « Sunday Times of India » acheté par Raoul, le matin même. Les parents y cherchent le meilleur parti pour leur fils ou leur fille. Rédigées en anglais, ces annonces concernent l’élite diplômée du pays. Tout laisse à penser que l’épouse ne couchera pas par terre. En revanche pour ce qui est de la lessive…