Le règne du luxe
Hong Kong, 4 mars 2006
Rose palpe délicatement les pétales de l’orchidée et s”exclame “c’est incroyable, elles sont vraies !”
- Et alors ? pourquoi tu trouves cela incroyable ?, s’étonne Raoul pataud.
- Tu en as déjà vu des orchidées le long des trottoirs dans des jarres municipales ?
- On voit bien des géraniums et des pensées chez nous.
- C’est ça, c’est ça. Toi et les fleurs …
Parmi les étrangetés de Hong Kong, Raoul est plus fort pour ce qui concerne la nourriture. Ainsi, il a trouvé moyen de se régaler avec un plat de peau de poisson craquante (garantie sans arrête ni chair de poisson, la peau, uniquement la peau). Quant au jus d’oranges pressées dégusté sur la petite île de Peng Chau, il tire son originalité de ses fruits venus de Californie. La mondialisation au fond des verres.
Dans un autre registre une spécialité plus locale fascine Raoul, il s’agit des échafaudages de bambous qui s’élèvent sur plusieurs dizaines d’étages le long des façades de béton. Un matériau léger, rigide et résistant issu de la technologie de la nature.
Très couleur locale également, les sampans habités du port d’Aberdeen à l’instar des péniches parisiennes.
Depuis cinq jours qu’ils découvrent Hong Kong, les Piche ne cessent de s’interroger sur le nombre incroyablement élevé des boutiques de luxe et sur la qualité de leurs agencements. Elles donnent le sentiment que les coeurs commerciaux de villes comme San Francisco ou Paris relèvent du commerce de sous-préfecture. Une première réponse à leur interrogation leur a été donnée à Kowloon lorsqu’ils ont constaté que les passerelles de débarquement des grands bateaux de croisière débouchaient directement dans la galerie marchande “Harbour city” forte de 700 de ces boutiques. La seconde réponse est venue de la lecture du “South China Morning Post”, elle leur a révélé que Hong Kong était la première destination de shoping des riches chinois continentaux lesquels se comptent désormais par millions.
Heureusement, il est facile d’échapper à cet univers d’acier brossé, de verre, de marbre et d’argent. Ce dont les Piche ne se privent pas. A une demi heure des grattes ciel par bateau, ils ont pu gagner des petites îles avec des villages aux ruelles étroites, des terrasses de café, des plages désertes, des maisons d’un seul étage et même des fermes biologiques.
Pour les Hong Kongais qui souhaitent un dépaysement plus total, la compagnie maritime “Star Pisces” propose des croisières de deux jours en direction de… nulle part ! Le navire met cap au large vers la haute mer puis il fait demi tour. Durant ce temps, les voyageurs vivent en un lieu extraordinaire pour eux. Un lieu totalement plat.
PS “Frappe ta tête contre une cruche. Si tu obtiens un son creux n’en déduit pas que c’est forcément la cruche qui est vide”. Proverbe chinois.