Chien bouillu chien foutu !
Cheng Yang, 20 mars 2006
- Qu’est-ce qu’ils nettoient dans la rivière, là-bas, au pied du pont ?
- On dirait des bêtes !
- Je me demande si ce ne sont pas des chiens.
Poussés par la curiosité les Piche avancent sur le splendide “Pont de la pluie et du vent” de Cheng Yang pour en avoir le coeur net. Plutôt retourné, en réalité, le coeur de Rose lorsqu’elle découvre qu’effectivement les deux jeunes Chinois raclent consciencieusement la peau de chiens morts raides comme du bois. Raoul, lui, dégaine son appareil photo. Pendant un moment les Piche suivent les opérations : nettoyage, vidage, récupération des boyaux, découpage.
- Finalement je fais pareil après une partie de pêche sous-marine, déclare Raoul.
- Mais il n’y a pas de poisson domestique ! On ne caresse pas les poissons, ils ne font pas les yeux doux aux hommes et ne se frottent pas à eux avec contentement.
- Oui, mais ils ne mordent pas non plus et ne transmettent pas la rage, contre argumente Raoul avec mauvaise foi.
Quelques jours plus tard les Piche retrouveront un chien entier et quelques morceaux (dont les têtes) d’autres canidés sur un étal du marché de Zhao Xing.
Ce met ne semble donc pas être exceptionnel dans la région agricole du Guizhou.
Hormis son marché à chien, Zhao Xing est un superbe village paysan aux maisons de bois, avec de multiples ponts couverts, des chemins pavés de galets arrangés en formes géométriques, de très grandes “tours du tambour” (lieux de réunions et de fêtes), des mini-théatres et il y règne une grande activité. Aucun touriste, ni Chinois, ni occidental en cette saison.
Quelques jours plus tard le décor change pour les Piche qui se retrouvent à Kunming, grande métropole régionale du Yunnan.
D’immenses avenues, très larges, traversent la ville bordées des commerces les plus modernes sis aux pieds de buildings de verre et de béton. Dans quelques rues ont été conservées, in-extremis, de vieilles et belles demeures mais leur survie semble problématique. Certaines sont déjà cernées par des immeubles dix fois plus hauts qu’elles. Ailleurs, des murs interminables ont été édifiés pour cacher les quartiers les plus misérables aux yeux des touristes. Car Kunming est une ville qui attire les touristes chinois en grand nombre, pour son climat doux et ensoleillé et pour la fameuse “forêt de pierres” de Shilin à 130 kilomètres de là.
C’est à Shilin que les Piche découvrent le tourisme de masse chinois. Des dizaines et des dizaines de tribus d’une cinquantaine de personnes suivent des guides brandissant de petits drapeaux de couleur. Ils évoluent ainsi, groupés, sur les chemins étroits qui sillonnent le site. Aller à contre-courant de ces hordes pacifiques est mission impossible. Les Piche en sont quitte pour s’éloigner des sentiers battus.
Ils retrouvent la même foule, 400 kilomètres plus loin, à Lijiang, village aux rues pavées et aux maisons traditionnelles d’une beauté si exceptionnelle qu’il a été classé au patrimoine mondial de l’humanité.
La qualité photogénique de Lijiang fait penser à Venise bien que ces lieux soient radicalement différents. Tout est si beau à Lijiang que même le tourisme massif n’est pas parvenu à l’enlaidir ! L’entrelacement des ruelles, uniquement parcourues par des piétons est tellement tortueux que les Piche s’y perdent sans cesse, non sans délice.
Hier, au milieu de la nuit un touriste occidental a du appeler son hôtel qu’il ne parvenait pas à retrouver après 3 heures de vaines recherches. Il y a aussi d’excellentes tavernes et de très bons vins à Lijiang…
PS : “Pour bien faire mille jours ne sont pas suffisants. Pour faire mal, un jour suffit amplement”. Proverbe chinois.