Le Sinaï 30 ans après …
Rose et Raoul Piche ayant vu les eaux de la mer Rouge s’ouvrir devant eux, ils ont marché droit devant et ont pris pied sur la rive égyptienne du Sinaï.
Une côte qu’ils connaissent bien. Ils étaient là, il y a 30 ans, venus d’Europe en voilier avec deux gamins de 4 et 9 ans, devenus, depuis, des barbus de 1,87 m.
Les Piche reviennent aujourd’hui à quatre endroits précis où ils mouillaient régulièrement leur embarcation.
La première, le Fjord, n’a pas changé. En apparence. Une magnifique crique en plein désert. La mer est toujours aussi claire. En revanche, sous l’eau 99% des coraux et des poissons ont disparu. La pêche à la dynamite est extrêmement efficace pour ceux qui la pratiquent. Qu’il ne reste rien ensuite pour leurs successeurs n’est pas leur problème. On aurait tord d’incriminer les Egyptiens. Mutatis mutandis, n’est-ce pas ainsi que l’homme moderne pratique sur l’ensemble de la planète ? L’efficacité destructrice.
Second, lieu visité Nuweiba. C’était le désert. Une petite ville y a poussé. Les Piche ne reconnaissent rien.
Troisième lieu, Dahab. Une baie abritée avec une plage de sable fin de toute splendeur. Elle est toujours aussi belle. Mais MM. Hyatt, Hilton, Novotel et consorts y ont planté des hôtels de luxe. Heureusement, suffisamment en retrait pour ne pas manger la plage. Là où les Piche étaient seuls au monde on parle russe, italien, allemand, on fait du ski nautique, de la planche à voile et du farniente sur des centaines de transats.
Quelques kilomètres plus au nord, des babas cool vivaient dans des paillotes, fumant du hasch et buvant des bières. A la place, Rose et Raoul découvrent un village touristique avec rues piétonnes, force hôtels et des restaurants les pieds dans l’eau. L’ensemble devenu plus bobo que baba n’est cependant pas trop moche (en faisant ce constat, les Piche se prennent à douter, n’auraient-ils pas eux aussi évolué dans le même sens ?).
Dernière escale, Sharm El Sheikh. Rose et Raoul gardent un souvenir ému d’une fameuse soirée autour d’un feu de bois avec des amis dans l’exceptionnelle baie de Naama. L’espace entier était pour eux, pour leurs amis, leurs enfants et leur petit voilier mouillé à une encablure du bord.
En 2011, l’accès est impossible si l’on est pas client d’un des luxueux « resorts » qui s’étendent tout au long de la baie. Une grande ville dédiée au tourisme de masse dans ce qu’il a de plus destructeur, s’est construite ici.
Alors, déçus les Piche de ce pèlerinage 30 après leur premier voyage en Egypte ?
Non, pas vraiment.
Il leur a permis de mesurer la chance inouïe qui a été la leur de connaître ces lieux « avant » et d’avoir vécu des moments rares.
Par contre, ce qu’ils voient, les rendent perplexes : le reste du monde a-t-il été aussi mal traité depuis 30 ans ? Et, les nouveaux lieux qu’ils vont découvrir ne seront-ils que des pâles figures de ce qu’ils étaient aux yeux des voyageurs d’il y a 30 ans ?
A bientôt
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