L’obésité, un marqueur social

Salta, 13 mars 2005

“Je reviendrai en politique et je me représenterai à l’élection présidentielle, a déclaré Lionel Jospin”.

Ce scoop, les Piche ont été le dénicher à Valparaiso où Lionel Jospin les a précédés de neuf mois. Il aurait tenu ces propos lors d’une discussion privée avec le propriétaire d’un restaurant français, “Le Filou de Montpellier” qui s’est empressé de les rapporter à Rose et Raoul.

Des photos attestent du passage de “Lionel” dans le restaurant…

Pour les Piche “Le Filou de Montpellier” boucle la boucle car après avoir traversé la Bavière à Puerto Montt au Chili, la Suisse à Bariloche en Argentine, le Languedoc à Mendoza voilà qu’ils se retrouvent dans un restaurant tenu par un Français de Mauguio, leur lieu de résidence !

Au hasard des rencontres, le voyage leur a encore réservé une bonne surprise celle de Jean-Guy et Jean-Yvon. Ex-prof et ex-directeur a l’Université de Montréal, les deux Jean ont décidé avant 55 ans qu’ils avaient suffisamment travaillé et qu’il était temps de voir du pays.

Une intime conviction renforcée par une étude canadienne montrant que les caisses de retraite payent en moyenne durant 5 ans ceux qui cessent leur activité à 65 ans, 12 ans ceux qui s’arrêtent à 60 ans et… 25 ans ceux qui le font à 55 ans.

Jean-Guy et Jean-Yvon souhaitent coûter le plus cher possible à leur caisse de retraite. Et comme les voyages forment la jeunesse, ils voyagent un maximum en traquant les croisières “discount” sur Internet. Leurs dernières en date : Valparaiso Buenos-Aires, trois semaines pour 2800 dollars américains et Gênes Bangkok via le Vietnam  (www.vacationstogo.com).

Ils rajeunissent à vue d’oeil .

Avec les deux Jean, les Piche ont visité les caves viticoles autour de Mendoza. Dans l’une d’elles, la bodega Weinert, les Jean ont rencontré des compatriotes venus en Argentine acheter un vignoble. Des professionnels bien informés. Ils indiquent aux Jean que le soit disant propriétaire Brésilien de cette exploitation est en réalité un nazi bon teint débarqué dans les années quarante avec une montagne d’argent.

A la dégustation, les Piche ont trouvé au vin Weinert un arrière goût amer…

Au détour de discussions aussi variées que joyeuses, les Jean, voyant Rose rouler ses cigarettes, apprennent aux Piche qu’au Canada le fait de fumer est un signe d’appartenance “aux classes les moins instruites de la société”. Une remarque qui trouve un écho chez les Piche, sans pour autant freiner l’ardeur tabagique de Rose.

En effet, en cours de voyage ils ont eux-même noté quelques signes d’appartenances sociales. Ainsi, l’obésité, très commune au Chili, concerne les familles les plus pauvres au point que des campagnes nationales de santé publique tentent de redresser la situation. A Santiago du Chili, il suffit de passer des quartiers populaires aux zones résidentielles pour en avoir l’étonnante démonstration.

Ce qui amène la remarque suivante de Raoul :

- Autrefois, les riches, bien nourris étaient gros, les pauvres maigres. Grâce à Coca Cola, aux hamburgers et aux crèmes glacées les pauvres sont toujours aussi pauvres mais ils ressemblent aux riches d’avant.

Le téléphone cellulaire est en passe de devenir un autre marqueur social : moins les gens paraissent avoir de moyens plus ils exhibent cet outil tout comme le faisaient les premiers à pouvoir s’en payer un lors de son apparition.

Pour sa part Rose observe que le nombre d’enfants frappés de maladies génétiques (mongolisme, malformations lourdes…) paraît bien plus élevé qu’en France.

- Je me demande si l’interdiction de l’avortement n’en est pas la cause, s’interroge-t-elle, scandalisée.

En Argentine, le débat sur l’avortement est d’actualité. En réponse à un ministre affirmant que le pays devait évoluer sur ce sujet, l’évêque de Buenos Aires a déclaré que “ceux qui s’en prennent aux enfants méritent qu’on leur attache une pierre autour du cou et qu’on les jette à la mer”.

Exactement ce qui a été fait du temps de la dictature avec les opposants, jetés par milliers dans le Rio de la Plata depuis des avions, comme le rappelle “Clarin” le quotidien national. Autant dire que les propos de l’évêque ont provoqué un scandale qui a fait la “une” durant plusieurs jours.

Jusqu’au scandale suivant.

Celui de la compagnie aérienne “Southern Winds”, financée par l’Etat, dont on vient de découvrir qu’elle transportait de la drogue vers l’Espagne depuis trois ans avec la complicité des autorités de l’aéroport de Buenos Aires !

A Salta, où les Piche se trouvent, ce sont les professeurs en grève qui manifestent, trouvant qu’un salaire de 130 euros par mois, inférieur à celui d’un gardien de nuit, c’est tout de même un peu juste.

Les Piche ne sont donc pas étonnés que dans les cafés les discussions politiques aillent bon train et que partout les gens lisent les journaux.

Pourtant, aucun n’a publié le scoop “Jospin”. Il a fallu que Rose et Raoul Rouletabille passent par là.

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