Un extraordinaire paysage 100% minéral avec toutes les nuances de l’arc en ciel !

Salta, 18 mars 2005

Changement radical pour les Piche, finis les paysages européens sous des cieux argentins.

Ils les troquent pour des sites lunaires et martiens hallucinants, si extraordinaires qu’ils ont été classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.

Ichigualasto est une zone très singulière investie par les chercheurs car lors des glissements des plaques tectoniques qui ont donné naissance à la cordillère des Andes, ici, le sol a été soulevé et couché, mettant à jour les couches sédimentaires les plus profondes ce qui permet de lire l’histoire de la terre à livre ouvert sur plusieurs centaines de millions d’années.

Quatre cents squelettes fossiles on été découverts dont celui du plus ancien dinosaure connu (225  millions d’années) à défaut d’être le plus spectaculaire (il ne mesure que trois mètres). Sous quasiment n’importe quel pli rocheux on peux voir des empreintes fossiles.

Les premiers paysages aperçus par les Piche dans cette fracture si particulière évoquent la lune et ses cirques gris et blancs (Ichigualasto a été surnommé la vallée de la lune). Plus loin, le gris lunaire le cède au rouge martien.

Les Piche entrent dans le parc de Talampaya aux étranges formes rocheuses façonnées par toutes les érosions imaginables, pluie, vent, rivières, glaciers, mouvements de la croûte terrestre. Le résultat est fascinant : ici une mur rouge, lisse se dresse sur 150 mètres de haut, là une autre paroi aussi haute, aussi rouge mais creusée sur toute sa hauteur en forme de goulotte verticale de 15 mètres de diamètre, là-bas une falaise massive, rouge également, tellement sculptée par les érosions qu’elle est baptisé “la cathédrale”.

Durant six heures, les Piche évoluent dans ces sites extra-terrestres en compagnie de chercheurs qui leur font réviser leurs cours de géologie de la sixième à la terminale. D’excellents pédagogues dont Rose rêve qu’ils enseignent un jour à tous les enfants de la terre en ces mêmes lieux tant ils donnent envie de comprendre et de décrypter ce qui s’offre au regard.

Plusieurs centaines de kilomètres plus au nord, à la limite de la frontière Bolivienne, les Piche ont à nouveau rendez-vous avec la géologie et aussi avec l’histoire. Pendant quatre jours ils parcourent en voiture 1000 km dans les vallées Calchaquies au sud de Salta et dans la Quebrada de Humahuaca au nord de la même ville (autre patrimoine mondial de l’humanité).

Dans ces lieux, la nature élargit sa palette de couleurs, fini le rouge martien uniforme, les plis rocheux alternent les teintes jaunes, rouges, vertes, violettes, roses, blanches avec des nuances qui varient en fonction de la position du soleil !!

Sidérant.

Lorsque le ciel est  nuageux, ces changements s’effectuent de minute en minute au rythme des percées et des occultations du soleil. Encore un spectacle de la nature difficile à emprisonner dans un boîtier photographique tant il est grandiose et changeant. Ce qui n’empêche pas Raoul d’essayer, en multipliant les vues panoramiques.

Historiquement ces régions sont l’équivalent indien du village d’Asterix. Elles ont toujours résisté à l’envahisseur.

Les Espagnols qui ont exterminé tous les occupants du cône sud, ne sont jamais parvenus à soumettre vraiment les Calchaquies et les Quechuas lesquels forment aujourd’hui l’essentiel des habitants des villages de ces vallées. Ici, on vend des jeux d’échec dont les pièces représentent d’un côté l’armée espagnole, avec le roi d’Espagne et de l’autre les tribus indienne avec comme chevaux des guanacos (lamas)…

Les maisons sont en briques de torchis séchées au soleil avec des colonnades et des arcades façon coloniale. Rose et Raoul font des haltes dans ces villages d’un calme inhabituel pour eux. A Molinos quelques enfants font du vélo dans le jardin de la place centrale, ailleurs personne, une jeune fille passe, un long moment plus tard une automobile longe lentement le jardin, presque sans bruit, ensuite rien, aucun mouvement, les Piche entendent les oiseaux, les enfants, l’eau qui s’écoule d’une fuite du réservoir central, ploc, ploc, ploc.

Il est 18 heures assis sous un grand arbre les Piche contemplent cette immobilité et écoutent ce quasi silence puis ils partent d’un éclat de rire bruyant qui trouble la tranquillité du lieu.

Ils viennent de réaliser, ensemble, dans cet instant étrange, qu’ils ne supporteraient pas longtemps une telle sérénité.

Ils trouvent à se loger chez une habitante.

Au réveil personne.

La porte de la maison n’est pas fermée. Un mot sur la table de la salle a manger s’adresse à Rose “Madame, je travaille à l’hôpital, demandez Maria” sous entendu pour payer la nuit. A Molinos le degré de confiance est de 100% et la délinquance égale à zéro.

Pour parvenir à Molinos, les Piche ont roulé sept heures sur une superbe piste étroite et ont franchi un col à 3300 mètres d’altitude.

A son sommet ils contemplaient la vallée lorsque soudain… le condor passa.

Evoluant en contrebas, il vole uniquement en planant, il gagne de l’altitude, passe au dessus des têtes de Rose et de Raoul puis s’éloigne toujours sans un battement d’aile, majestueux, tournant la tête de droite et de gauche pour localiser le repas de midi. La force aérienne tranquille.

Sur la piste des “zorros” (renards gris) aux épaisses queues soyeuses traversent devant la voiture remémorant à Rose le magnifique manteau du même métal qu’elle n’a pas acheté à Calafate en Patagonie.

Revenu à Salta les Piche s’offrent une journée de flânerie dans cette ville si plaisante avec son architecture coloniale, ses terrasses de cafés, ses places ombragées, ses rues piétonnes et ses restaurants riches en spécialités locales.

Au marché, Rose se dirige vers un étal de légumes et se saisit d’une carotte :

- Combien, la carotte ?
- Une seule ?
- Oui, c’est pour humidifier mon tabac
- Oh! alors si c’est pour vous humidifier le tabac, je vous l’offre lui lance le vendeur avec un large sourire.

Rose fait deux pas puis explose de rire lorsqu’elle réalise…

Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.