Des formes massivement généreuses et des vêtements moulants…
Panama, 15 janvier 2004
- Mes ancêtres sont Italiens, Indiens, Espagnols et Colombiens. Ici, c’est le pays des mélanges, déclare fièrement le chauffeur qui conduit Rose et Raoul Piche dans les rues de Colon, ville d’entrée du canal de Panama, côté Caraïbe.
Un propos qui confirme les observations des Piche depuis qu’ils sillonnent les rues de Panama. Le mélange dont parle le chauffeur porte sur la couleur de la peau qui couvre toutes les nuances depuis le bronzé léger jusqu’au noir profond mais aussi sur les traits du visage. Les yeux, le nez, la bouche, le front, la mâchoire peuvent être empruntés à diverses origines : indienne, africaine, européenne, antillaise, comme dans un portrait robot.
Ce métissage absolu conduit à des résultats esthétiques bien supérieurs à ceux des populations qui le pratiquent moins.
D’un point de vue plus “sociologique”, il est difficile d’ignorer que Panama se trouve à des années lumières des pays musulmans. Ce que Raoul, avec sa vision réductrice du monde n’a pas manqué d’exprimer crûment, en pleine rue, à l’adresse de Rose.
- Ces culs! mais tu as vu ces culs et ces seins! incroyable on ne voit que ça!
- Tu, ne vois que ça précise Rose, tout en reconnaissant que le port généralisé de pantalons, de jupes et de corsages en tissus ultra moulant aux couleurs claires et vives puisse expliquer la poussée sanguine de Raoul.
D’autant que les formes sont massivement généreuses.
- Dire que nous sommes partis de France sur un débat à propos du voile, souligne Raoul qui clame soudain “Iran-Panama, choisis ton camp camarade!”.
Il semble avoir choisi le sien.
Non contentes d’être souvent belles et toujours bien dans leurs corps, les panaméennes sont présentes dans toutes les activités de la vie sociale. Jusqu’à la présidence du pays qui est tenue par une femme. Aussi corrompue, paraît-il que les hommes politiques autour d’elle.
Ce qui est bon signe.
Ne réalise-t-elle pas ainsi la prédiction de Françoise Giroud selon laquelle “la femme sera vraiment l’égale de l’homme, lorsque des femmes incompétentes accèderont aux plus hautes responsabilités”.