Drôle de carnaval
Les Piche sont dans un de ces fameux bus longs de Curitiba lorsque, à l’arrêt de l’hôpital Nostra Senhora de la Piedad, une femme et un homme montent à bord. Rose sursaute et alerte Raoul :
- Mon dieu (elle qui n’en a pas), quelle horreur ! Tu as vu cette femme ? Elle a le visage tout sanguinolant, comme écorché vif ! C’est fou, on ne quitte pas l’hôpital dans cet état, on y entre plutôt.
- Tu as remarqué, lui répond Raoul, son compagnon est dans le même état. En plus ils rigolent tous les deux !!
- Ce n’est pas possible c’est du faux. Mais bien sûr ! Nous sommes au second jour du carnaval. Incroyable tout de même comme déguisement.
Une demi-heure plus tard, Rose et Raoul arrivent à la grande rue piétonnière du centre ville et là, le choc. Le spectacle qu’ils ont sous les yeux serait inimaginable en France. La foule est constituée de personnes aux visages et aux corps éclatés, meurtris, couverts de sang. Plus gore, tu meurs… Certains portent des armes factices (mal imitées) et pour que nul ne se méprenne, un homme tout de noir vétu brandit la grande faux.
Les grimages et les déguisements sont si réalistes qu’ils en sont insupportables. Seuls quelques participants ont pris le parti d’une recherche esthéthique plutôt que choquante. Finalement, les Piche découvrent que le thème du jour est les “zombis”. Pour Rose et Raoul c’est plutôt “Bataclan”.
La veille, le défilé auquel ils avaient assisté était nettement plus pépère. Parmi les groupes, deux ont particulièrement retenus leur attention. Celui de la CGT locale qui chantait et dansait pour dénoncer le “massacre du 27 avril” date d’une manifestation durement réprimée par la police. La même police chargée de protéger le défilé. (précisons que le “massacre” du 27 avril n’avait fait ni mort ni blessé).
Et puis il y a eu un groupe très coloré, très gai, très vivant, le plus applaudi de tous, uniquement composé de papys et de mamys !
Cela a ragaillardi les Piche auxquels les jeunes cèdent systématiquement les places réservées aux vieux dans les fameux autobus longs de la ville.
A bientôt