Vivre un tremblement de terre, c’est remuant !
San Jose, 4 février 2004
5 h 55 du matin.
Allongée sur son lit au 3ème étage du Nuevo Hotel Central, Rose Piche est réveillée par une sensation bizarre. Persuadée que Raoul secoue son lit, elle ouvre les yeux.
Mais, non, sur le lit d’à côté, Raoul la regarde, intrigué comme elle.
- Qu’est-ce que c’est ? interroge Rose
- …Raoul se tait et observe.
Pas de doute son lit bouge, comme celui de Rose.
- Un tremblement de terre !
Interloqués, les Piche regardent autour d’eux tandis que leurs lits sont gentiment secoués comme par une main amicale, les murs pareillement.
- Qu’est-ce qu’on fait ? demande Rose, nullement paniquée.
- On sort de là, lui répond Raoul, pragmatique.
Le temps d’enfiler leurs chaussures, le monde se fige dans une rassurante immobilité. Il n’empêche, les Piche évacuent. Au rez-de-chaussée, ils interrogent le gardien :
- Vous avez senti…
- Oui, oui, un tremblement de terre, répond l’homme avec un large sourire
- Et ça arrive souvent?
- Le mois dernier il y en a eu un et deux en décembre. Il vaut mieux des petits tremblements fréquents qu’un seul qui casse tout
Certes, certes…
Cet épisode oblige à revenir sur la liste, non exhaustive, des singularités du Costa Rica établie par Raoul dans un texte précédent.
Ce pays, comme ses voisins, se trouve sur une zone de fractures où l’on ne compte pas le nombre de volcans plus ou moins actifs. Au cours des dernières décennies, San José a été couvert de cendres par les éruptions de l’Irazu, 40 km à l’ouest, du Poas, 45 Km au nord-est, sans compter les quelques dizaines de morts provoquées par celles de l’Arenal, le plus actif de tous.
Pour ce qui est de l’Arenal, Raoul Piche est rassuré car son grand frère y a installé une batterie d”appareils de mesures pour le surveiller, cela dans le cadre d’une coopération avec l’Université du Costa Rica. Raoul Piche en est très fier et il est convaincu que ce volcan là ne leur fera pas de mal. C’est scientifique.
Puisque les forces telluriques leur ont fait commencer la journée très tôt, les Piche décident de se rendre au sommet du volcan Poas, histoire de rester dans le même registre. “Au moins, si ça pète nous serons aux premières loges”.
La semaine passée ils étaient au sommet de l’Irazu à 3420 m d’altitude.
Des grimpettes qu’ils effectuent désormais en autobus en mémoire de leur nuit passée au sommet du Baru au Panama.
Et parce qu’il faut “positiver”, les Piche se rassurent en pensant qu’au Costa Rica les cyclones sont plus rares que dans les pays plus au nord. Le Nicaragua, le Honduras, le Guatemala se sera pour les semaines à venir. A chaque jour suffit sa peine.
Vous reprendrez bien une petite secousse ?
PS: Dans la presse du lendemain les Piche ont appris que l’intensité de “leur” tremblement de terre était de 5,5 sur l’échelle de Richter. Qualifié de moyen par les scientifiques. Il succédait à trois autres en décembre et janvier d’intensité voisine. Il n’a pas fait de dégât.