Internet, sms, voip les communications depuis le bout du monde
Vientiane (Laos), 22 février 2002.
La paysanne lao serre dans ses mains habituées à des outils plus rudes la fine tige du micro relié à l’ordinateur. Elle parle d’une voix mal assurée, le regard fixé sur l’écran où apparaît l’image d’un clavier de téléphone. Une voix lui répond au travers des hauts-parleurs qui encadrent l’appareil. Dans ce petit stand de 2 mètres sur un, au fin fond du marché de Vientiane, elle téléphone. Tout le monde peut suivre la conversation. Rose et Raoul observent la scène certains de ne commettre aucune indiscrétion vu leur niveau en Kmer. Ce faisant, la paysanne utilise le dernier cri de la technologie en matière de communication à faible coût : la téléphonie via Internet (voip, voice over internet protocol) dont Raoul, dans une vie antérieure, a suivi les premiers pas. Au Cambodge, la même technique est si largement proposée dans les échoppes et au long des rues, que le gouvernement vient d’annoncer leur interdiction prochaine : le manque à gagner pour l’opérateur national serait trop important. Les usagers les plus aisés viendront grossir les rangs des possesseurs de téléphones mobiles, le territoire étant parfaitement couvert. Rose profite de cette remarquable infrastructure pour envoyer en rafale de courts messages en mode texte à ses enfants “nous déjeunons sur la plage en bordure de la mer de Siam, tout va bien (comment cela pourrait-il aller mal?), “nous sommes à Angkor Thom, plus rien ne tient debout, c’est superbe”, “nous avons fait naufrage dans une rivière, la honte pour des marins!”, “nous buvons une bière sur la rive d’un Mékong presque à sec, à Vientiane, face au soleil couchant”, etc, etc.
Quant aux cybercafés ils ont poussé comme des champignons aussi bien en Thaïlande, qu’au Cambodge, au Laos et au Vietnam. Raoul en profite pour envoyer à ses amis des instantanés de son voyage qu’il rédige à ses moments perdus sur un cahier d’écolier.
Cette facilité de communication le conduit à se remémorer, non sans nostalgie, d’autres voyages effectués dans le passé, avec Rose, au cours desquels les liens avec la famille et les amis étaient autrement difficiles à établir. Depuis le “Echo Lima Zéro Maritime Mobile”, pirate, des ondes courtes, en passant par le “Mickey Mouse 06 Maritime Mobile” de la CB ping pong, jusqu’à la lettre collective photocopiée puis dispatchée par Nicole (merci Nicole!) que de changements! Et que dire de l’époque ou seules les lettres acheminées par bateau maintenaient le lien avec la famille et les amis : six mois aller, six mois retour. A défaut de spontanéité, cela donnait le temps de la réflexion.