Le raccollage un art indien
Udaipur, 27 janvier 2003
La fréquentation touristique étrangère en Inde a chuté de 40% depuis le 11/09/01 et le regain de tension indo-pakistanais. Du coup, à Udaipur, normalement ville très touristique, l’astuce des commerçants pour attirer le chaland est sans limite. Exemple : Rose et Raoul marchent sur la terrasse d’un palais, au bord d’un magnifique lac.
Un jeune les aborde.
- Bonjour, de quel pays êtes-vous ? (en anglais)
- De France.
- Avez-vous lu le journal ce matin ? (en français !)
- Non.
- Dans le palais, il y a une exposition temporaire du maharaja Udai Singh Prakash, qui se termine aujourd’hui.
- Ah ! bien, où exactement ?
- Je vous montre.
Et voilà Rose et Raoul partis pour cinq minutes de marche, ils arrivent devant une petite porte au-dessus de laquelle est écrit “Ecole d’art”.
Ils se dérobent.
- Merci, maintenant nous savons où c’est, nous reviendrons, nous préférons continuer à marcher au soleil.
- Mais l’expo ferme à 15 h 30 ! ( il est 15 h 15)
Tant pis nous reviendrons demain.
- C’est le dernier jour !
Vaincus Rose et Raoul entrent et découvrent effectivement de nombreuses et belles miniatures mais aussi de nombreux comptoirs avec des calculettes posées dessus. Ni expo temporaire d’un maharaja qui n’existe pas, ni école d’art, il s’agit bel et bien d’un magasin destiné à la vente aux touristes. 15-0.
Ailleurs la technique d’accroche est beaucoup plus primitive et se limite à ” entrez, entrez, juste pour un coup d’oeil” suivie d’une énumération sans fin des produits du magasin, le commerçant n’hésitant pas pour cela à suivre sur plusieurs mètres les touristes qui s’éloignent de son échoppe. Comme dans la vieille ville les boutiques bordent les rues des deux côtés, le harcèlement est permanent. Et si Rose et Raoul font mine de s’intéresser à un objet, ils sont submergés par un flot de superlatifs et d’invites qui ont pour effet immédiat de les faire fuir.
De toute façon ce sont de très mauvais clients, obsédés qu’ils sont par le poids de leur sac à dos.