Projection Bollywodienne dans le plus beau cinéma du monde
Jaipur, 10 février 2003
Hier soir Rose et Raoul Piche ont été au cinéma. L’événement serait banal s’ils ne s’étaient rendus au Raj Mandir de Jaipur, un cinéma unique en Inde autant dire au monde. Tellement prisé qu’il faut réserver ses places à l’avance. Le Raj Mandir comporte un immense hall d’accueil qui fait office de foyer comme dans un theâtre. Lorsqu’on entre, ses innombrables moulures alliées aux couleurs pastel des murs et du plafond donnent l’impression de pénétrer à l’intérieur d’un choux à la crème. Lorsque l’on accède à la salle de projection à proprement parler c’est dans la partie chantilly du gâteau que l’on se trouve avec ses volutes de stuc comme autant de couches de crème immaculée.
Le film du jour, “Kushi”, comporte les ingrédients immuables du film Boliwoodien version 2003, à savoir :
Un robuste scénario en trois temps :
-1) Deux jeunes indiens, aussi peu colorés que possible, voient leur amour éclore à l’université où ils étudient l’informatique (dbase III, visual basic…)
-2) Cet amour contrarie le mariage arrangé par le riche papa de la jeune fille (un papa très présent, la maman, elle, est occupée ailleurs, on ne la voit guère)
-3) Final : l’amour triomphe.
- Des seconds rôles et des développements parmi lesquels figurent immanquablement :
-> les amis de l’université (avec le rigolo de la bande)
-> les riches parents du jeune homme, le papa surtout (la maman pleure tout le temps)
-> quelques méchants mafieux dont le jeune homme triomphe en un combat héroïque en présence de la jeune fille, subjuguée.
des décors de rêve : villa et appartement du luxe le plus achevé, voitures du même métal, ordinateurs partout, quartiers résidentiels aussi aseptisés que ceux de Lausanne, bref l’Inde au quotidien. Mais l’essentiel du film indien sont les scènes de chants et de danses. Elles illustrent le moment où l’un des deux héros rêve ou se projette en imagination, ce qui autorise des chorégraphies “débridées” ou romantiques sur fond de splendides paysages européens ou américains. Dans “Kushi”, 2003 oblige, la musique traditionnelle a été remplacée par du hip hop indianisé pour les scènes “hard” et par des sirops de violon pour les scènes “soft”. Le tout servi par la sono exceptionnelle du Raj Mandir. Réflexion de Raoul au sortir de la projection: “on regarde “Kushi”, on ferme les yeux, on imagine exactement l’inverse et on a une idée de l’Inde actuelle.”