La fin du voyage… pour Magellan
Lorsque les roues de leur avion touchent le sol de la petite île de Mactan, les Piche ont une pensée pour un voyageur d’une catégorie au-dessus de la leur : Magellan.
Pour lui, Mactan a été la fin du voyage.
L’île est si petite qu’il pensait pouvoir la soumettre avec 60 soldats espagnols. C’était sans compter avec Lapu Lapu, le chef du lieu. Les Espagnols ont été mis en déroute et Magellan tué.
Aujourd’hui, le poisson le plus prisé des Philippins a pour nom Lapu Lapu. Honneur au vainqueur. Mais tous les Philippins, ou presque, sont catholiques. Honneur au vaincu.
Et quel honneur !
Le dimanche, la plus petite église du plus modeste village affiche complet. De nombreux fidèles suivent le rituel depuis le parvis.
Avant de prendre la mer, le catamaran rapide, ultra moderne qui relie Cebu à Bohol diffuse sur grand écran LCD… une prière confiant la vie des passagers à la grâce de dieu.
- Je préférerais savoir que le commandant possède les qualifications pour nous amener à bon port, remarque Rose, aussi anticléricale sous les tropiques qu’en climat tempéré.
Deux jours plus tard, juchés sur une moto, les Piche partent en promenade. Pendu à la poignée gauche, un chapelet. Pendu à la poignée droite, un second chapelet.
- En cas de panne, nous sommes parés, remarque Raoul qui aime bien les systèmes doublés.
Arrêt dans un village qui fête « Nuestra senora de la paz buen viaje » (en espagnol dans le texte). A l’entrée de l’église une affiche donne le code vestimentaire : pas de jupe serrée, ni trop courte, pas de décolleté, pas d’épaules dénudées, pas de short, etc.
Les Piche restent dehors. Ils font la causette avec des gens venus pour la fête. Une femme leur demande leur religion. Embarras des Piche qui ne veulent pas heurter ces personnes aimables et souriantes avec leur anticléricalisme primaire.
- Nos familles étaient catholiques, répondent-ils lâchement.
Mais, moins de cinq minutes plus tard, Rose disserte sur les atrocités commises au nom de dieu et justifie ainsi ses distances avec toute croyance divine.
- Tu n’as pas pu t’empêcher ! Lui fait remarquer Raoul.
- C’est dans ma nature. Tu sais, l’histoire du scorpion…
Toutefois, Rose note avec satisfaction que ces catholiques si pratiquants font preuve d’une tolérance totale envers ceux qui affichent des orientations sexuelles que Rome n’approuve guère.
- Les colons espagnols ont gagné, certes, mais il y a un Lapu Lapu qui sommeille et qui résiste chez chaque Philippin, formule Raoul en guise d’analyse tropicalisée à la San Miguel Beer (SMB pour les initiés, hip’s).
A bientôt.
Pour voir quelques photos sans aucun rapport avec ce texte (!) cliquer ci-dessous
http://www.raoulpiche.fr/?page_id=3598