Contrariétés et agacements en voyage
Valparaiso, 2 mars 2005
Pour les Piche le voyage ce sont les rencontres, les découvertes, les imprévus mais aussi les petites contrariétés, les agacements.
Parmi eux :
- les réveils à 5h et demi du matin pour prendre le bus de 7h.
- Les voisins de chambre qui se lèvent à 5h et demi du matin pour prendre le bus de 7h le jour où les Piche ne le prennent pas.
- Les bébés qui pleurent et sont juste sur le siège de devant ou juste sur celui de derrière, alors que le voyage doit durer 11 heures (heureusement les bébés pleurent rarement 11 heures).
- Les bus complets qui obligent à passer deux jours dans un bourg sans intérêt.
- Les interpellations directes en anglais (Raoul dans son castillan le plus pur (!!), “pourquoi me parlez vous en anglais, je n’ai pas dit un mot !” et, horreur, s’entendre répondre “parce que vous avez l’air américain” !)
- Les fausses informations qui conduisent les Piche à pédaler 15 km sur du gravier avec des vélos de 50 kg sans dérailleur, contre un vent fort et à franchir deux fois la frontière Argentine-Chili pour découvrir que le bureau qu’on leur a indiqué pour prendre leurs billets de bateau est fermé… et qu’il suffit de se présenter à l’embarquement le jour du départ.
- Le catamaran d’Aisen à Chiloé en panne pour une semaine. précisément la semaine où les Piche devaient le prendre (ce n’est pas le même qu’au paragraphe précédent, les Piche prennent beaucoup le bateau… Enfin lorsque les bateaux veulent bien des Piche)
- La panne du ferry qui devait remplacer le catamaran en panne (pour le savoir les Piche ont dû parcourir 400 Km de piste en 13 heures puis attendre deux jours le remplaçant du remplaçant du catamaran. Pas marrant.)
- Les viandes grillées argentines. Excellentes la première semaine, savoureuses la seconde, délicieuses la troisième, succulentes la quatrième brusquement inappétissantes la cinquième. Vive les lasagnes !!
- Les pays sans réelle tradition culinaire. “Autrement dit tous, sauf ceux d’Asie et d’Europe, précise Raoul” qui inclut froidement leMaghreb, le Liban et le Mexique dans l’Europe.
- Les pays colonisés par le Nescafé en poudre alors qu’ils sont producteurs ou voisins de pays producteurs de café.
- Les chiens errants qui aboient la nuit
- Les chiens des propriétaires des auberges où logent les Piche. Un chien finit toujours par aboyer. De préférence en pleine nuit.
- Les coqs qui se prennent pour Caruso avant le lever du soleil.
- Les chauffards. Autrement dit, pratiquement tous les conducteurs d’Amérique latine, à l’exception notable, pour les Piche, des chauffeurs de bus longue distance en Argentine, au Chili, au Brésil et au Mexique.
- La télévision et la musique dans les restaurants, les cafés et les autobus (au Chili une loi affichée partout précise que si un seul passager s’oppose à la diffusion de musique celle-ci doit cesser).
- L’affichage ostensible des croyances religieuses dans les bus, les taxis, les auberges, les restaurants… Les personnes qui s’en remettent à Dieu pour accomplir leur métier inquiètent les Piche. Ils préfèrent celles qui comptent sur leur professionnalisme (les petites croix le long des routes sur les lieux des accidents montrent d’ailleurs que la première méthode manque d’efficacité…)
- Les WC qui ne ferment pas. En Argentine le bas des portes des wc publics est noirci par les semelles de ceux qui tentent de s’opposer aux intrus.
- Les cybercafés qui mettent dix minutes pour ne pas parvenir à afficher un e-mail
- Le soleil lorsqu’il brûle la peau (au sud du Chili la couche d’ozone est devenue si mince que des indicateurs d’indice UV, lorsqu’ils sont au rouge, informent les passants qu’ils vont griller en dix minutes).
Heureusement tous ces agacements ne sont que des agacements.
Ils seraient vite oubliés si Raoul n’en gardait une trace sur son petit carnet. Ils ne pèsent guère au regard des plaisirs du voyage.
D’autant moins en Argentine ou tout s’efface devant la gentillesse et les sourires des Argentins (”et s’ils ne sont pas sympas c’est que ce sont des Chiliens” ajoute méchamment Rose).