Montevideo, immersion périscopique
Les Piche poursuivent leur immersion sud américaine. Habitués qu’ils sont à naviguer en surface, ils ont du mal à descendre sous ce niveau. On ne passe pas aisément du voilier au sous-marin. C’est un peu contre nature. Alors, Rose et Raoul n’ont rien trouvé de mieux pour suivre des cours d’espagnol que de s’inscrire à … l’Alliance Francaise de Buenos Aires. Ici ce sont les vacances d’été et les étudiants sont sur les plages. Pour payer ses frais fixes l’Alliance Française propose donc aux Français de passage des cours intensifs d’espagnol à des prix défiant toute concurrence.
Immersion uruguayenne la semaine passée, à faible profondeur, là encore.
Les amis uruguayens chez qui les Piche résidaient vivent depuis des décennies à Paris et parlent le français à la perfection. Bien sûr, de temps en temps, les échanges se sont pratiqués en espagnol mais pour débattre du rôle de la pensée clanique dans la société moderne (le hobby de leur hôte, Miguel), difficile de ne pas remonter à la surface de la langue française et à ses horizons sans limite.
A Montévidéo, moment d’émotion lorsque Rose et Raoul apprennent que Miguel, réfugié politique en France dans les années 70 a vécu dans le même foyer de la Cimade à Massy où ils résidaient eux-mêmes à la fin des années 60 et qui a joué un si grand rôle dans leur vie.
Emotion prolongée lors d’un repas avec une dizaine de personnes quasiment toutes anciennes réfugiées politiques en France, revenues dans leur pays après la dictature. A nouveau, donc, immersion périscopique pour les Piche. La conversation remontant aisément de l’espagnol vers le français avec ces bilingues, ravis de pratiquer la langue de Molière et ces Piche ravis de délaisser celle de Cervantès pour mieux comprendre et se faire comprendre sur des sujets difficiles.
Comme le tour de table (sociologue, députée, avocate, membre de l’Unesco, directrice d’ONG, etc.) ne manquait pas de conversation, les Piche ont souvent fait surface pour ne pas plonger au plus profond des abîmes de l’incompréhension.
Mis en confiance par l’ambiance très amicale, Raoul a répondu en toute franchise à la question de l’amie avocate « penses tu que la France a eu raison d’intervenir au Mali ? » par un « oui » franc et massif. Une opinion, peu partagée par les convives, lesquels gardent un souvenir cuisant d’une autre intervention, celle des Américains dans leur pays dans les années 70 (via la CIA). Raoul, lui, pensait aux Maliens rencontrés il y a deux ans dans leur pays et qui ne leur avaient pas semblé appeler de tous leurs voeux l’application d’une charia pure et dure à Segou, Mopti ou Bamako. Comparaison n’est pas toujours raison. Surtout s’agissant de l’Afrique.
Les Piche comprennent fort bien ce qui est écrit sur les étiquettes des bouteilles de vin. Pourtant, elles leurs réservent parfois des surprises : Pinot noir (là ça va) mais « blanc de noirs » (en français dans le texte) c’est conceptuellement plus difficile à percevoir, surtout lorsque le vin est… rosé! Il existe une explication, on laisse au lecteur le soin de la trouver.
Les Piche vous quittent pour retourner en immersion chez le boucher. Le mot nouveau à tester est « grueso » : « quisiera un trozo de lomo grueso », « je voudrais un morceau de filet épais ». S’il revient avec une tranche de jambon cuit, Raoul n’aura plus qu’à noyer son désespoir en prenant un submarino, pur produit argentino-uruguayen. Ceux qui ont suivi les Piche en Argentine en 2005 savent ce que c’est. Ils ont oublié ? Ah! Eh bien qu’ils fassent comme Raoul qu’ils révisent !
A bientôt
PS 4cm d’épaisseur le morceau ! Raoul s’est bien fait comprendre.
PS Les textes des Piche sont sur le blog : http://www.raoulpiche.fr/