« Etes-vous impliqués dans des activités de terrorisme ? »
Panama, 11 janvier 2004
“Oui, en somme je m’aperçois que les voyages ça sert surtout à embêter les autres une fois qu’on est revenu” a dit Sacha Guitry.
Grâce à internet il devient possible de les embêter même avant d’être revenu.
Rose et Raoul Piche ne s’en privent pas. Depuis quelques années, ils inondent de mails famille et amis durant leurs pérégrinations lointaines. En ce début 2004, ils récidivent, et, pauvres de vous, vous êtes sur leur liste!
Pour atteindre Panama, point de départ de leur périple en Amérique centrale, Rose et Raoul Piche ont dû passer par Chicago et faire escale à Miami.
Curieuse trajectoire. Les navigateurs connaissent l’orthodromie, route la plus directe d’un point à un autre sur le globe. Rose et Raoul pratiquent, eux, la tarifodromie”, route la moins chère qui s’apparente à la “zigzagodromie”, route la plus vagabonde.
Ce faisant Rose et Raoul ont eu à connaître les soucis sécuritaires des Etats-Unis. Très courtoisement les autorités américaines leur ont demandé de répondre par écrit à la question suivante “êtes-vous impliqués dans des activités d’espionnage, de sabotage, de terrorisme, de génocide (…)”. Et, délicieusement policés, mais diablement faux-culs, ils les ont prévenus, s’ils répondaient par l´affirmative, “qu’il serait possible que l’entrée aux Etats-Unis (leur) soit refusée”. Possible ?
Rose et Raoul voyageant sous une fausse identité ont décidé de mentir sur toute la ligne. Les Etatsuniens les ont laissés débarquer à Chicago enneigé, puis embarquer pour Miami printanier, avant de les laisser s’enfuir vers Panama tropicalisé.
Comme les plus forts dans la cour de récré, les Etatsuniens leur ont tout de même demandé d’enlever leurs ceintures, leurs chaussures, leurs blousons, de lever les bras, de lever les pieds, d’écarter les jambes… Puis ils leur ont rendu : vêtements, pieds, jambes.
Rose et Raoul ont alors quitté le pays le plus puissant et le plus stressé de la planète pour l’un des plus petits, certains de ne pas perdre au change.