Jungle et singes hurleurs, un cadre idéal pour la cité Maya de Tikal
Tikal, 26 février
Depuis vingt minutes Rose et Raoul Piche marchent, seuls, le long d’une allée taillée dans la forêt tropicale. Dans la jungle comme le disent les gens du cru.
Au détour d’un virage, au loin, ils aperçoivent un mur de pierres qui s’élève au-dessus de la végétation. Comme s’ils en étaient les découvreurs, les Piche voient émerger là un des temples de Tikal.
Tikal, probablement le plus fabuleux site Maya d’Amérique centrale. Tikal est extraordinaire car il se situe au coeur de l’immense forêt du Petèn pratiquement inhabitée sur des centaines de kilomètres carrés. Celle-ci enserre chaque vestige et il faut parcourir une dizaine de kilomètres à pied au milieu de la végétation peuplée de singes hurleurs et d’une multitude d’oiseaux aussi sonores pour voir les nombreux temples, tombeaux, forums, habitations qui forment Tikal.
Très différents les uns des autres, ces édifices se présentent chacun dans leur écrin de nature : celui-ci couvert de mousse semble être lui-même un végétal, celui-là mêle ses pierres taillées aux racines des arbres qui se dressent sur lui, cet autre totalement enveloppé dans une haute futaie ne se révèle que lorsqu’on accède à son sommet par un méchant escalier de bois à 50 m du sol, ceux-là, enfin, sont paisiblement disposés sous le couvert d’une clairière proprette.
Une boussole n’est pas inutile pour se retrouver parmi les chemins qui sillonnent Tikal. Raoul, muni de cet instrument, l’utilise pour vérifier l’orientation plein ouest d’une grande pyramide.
- Il manque trois degrés ! Mais, bon, c’est pas mal pour des sauvages.
- A part que tu vises le nord magnétique et qu’eux déterminaient le nord vrai à partir des astres. Avec la déclinaison, il n’y a donc certainement aucune erreur, lui rétorque Rose. Sauvage toi-même.
Escaladant les marches du forum, grimpant en haut des pyramides, déambulant dans le labyrinthe des habitations allant d’un complexe à un autre, les Piche passent sept heures inoubliables à découvrir Tikal.
De l’avis des personnes qui ont visité les autres grands sites Maya, Tikal serait le plus exceptionnel.
Non que ceux du Mexique ne soient pas magnifiques, voire spectaculaires, mais il semble qu’aucun n’ait été préservé dans un tel cadre et ne bénéficie d’une fréquentation aussi modeste.
Découvrir ces beautés sans horde de touristes ajoute incontestablement au plaisir. Les Piche qui comptent bien en visiter d’autres sont cependant un peu déçus de savoir qu’ils ne retrouveront pas un lieu qui marie de façon aussi remarquable la nature et les vestiges d’une civilisation disparue.
En attendant, ils partent s’ébattre sur la côte Caraïbe du Belize. Vous avez marché. Eh! bien nagez maintenant.